source [Causeur.fr] Fier d’être un Etat « postnational », le Canada de Justin Trudeau développe paradoxalement une fierté identitaire agressive pendant les Jeux olympiques. Au détriment, notamment, de l’identité québécoise.
PyeongChang, février 2018. C’est la fête. Une marée gigantesque de drapeaux, d’oriflammes, de banderoles colorées envahissent maintenant et pour deux semaines la ville olympique sud-coréenne. Transportée partout à travers le monde par le biais des médias anciens et nouveaux, cette fête par excellence est censée nous rappeler à la fois les joies du vivre-ensemble et l’importance d’une vie répondant aux plus hauts impératifs hygiéniques.
Aujourd’hui au 5e rang du tableau des médailles, le Canada n’est pas en reste. Les athlètes et leurs supporteurs brandissent haut et fort l’unifolié rouge et blanc. « Go Canada Go”, scandent-ils in english s’il-vous-plaît. Toute l’industrie canadienne s’y est mise. Le gouvernement n’a pas même à s’en mêler : on nous abreuve, ici au Canada, de publicités chantant la fierté qui devrait nous habiter d’être canadians/canadiens, from an ocean à l’autre. Comme chaque fois, les Jeux olympiques sont, pour la fédération canadienne ainsi que pour tous les autres pays, l’occasion d’une vaste entreprise de nation building et de célébration identitaire.
L’identité à toutes les sauces
Le 8 décembre 2015 pourtant, peu après sa spectaculaire élection comme Premier ministre du Canada, Justin Trudeau déclarait, sérieux comme un pape, à un journaliste du New York Times en pâmoison : « le Canada n’a pas d’identité qui lui est propre (There is no core identity in Canada). Nous sommes le premier État postnational au monde. » Cette suave déclaration annonçait la « saveur du mois » dont la cantine libérale fédérale canadienne allait nous gaver afin de nous faire avaler son infect porridge dans la joie et l’allégresse jusqu’aux prochaines élections générales.
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