Source [Le Figaro] : FIGAROVOX/TRIBUNE - Après l'affaire Stanislas, Lisa Kamen, enseignante dans un établissement privé sous contrat, défend la liberté des parents de choisir le système éducatif qu’ils souhaitent pour leurs enfants.
Il y a une vingtaine d'années, j'ai changé de métier. J'étais consultante comme on dit, dans une agence de communication. À la faveur d'une période un peu moins faste, mon rêve de petite fille a ressurgi : devenir maîtresse d'école, transmettre ma passion pour la littérature, aider des enfants à découvrir leur domaine d'excellence, cultiver leur curiosité, leur indépendance, leur donner les clés pour apprendre seuls par la suite.
Ma décision prise, j'étais impatiente de changer de vie. J'ai adressé ma candidature aux instituts de formation des maîtres du public et du privé. Les premiers m'ont envoyé des formulaires à remplir ; les seconds m'ont reçue et questionnée sur mes motivations et mes attentes. Mon choix était fait : je passerais le concours pour intégrer une école privée. Aux algorithmes, j'ai préféré les êtres humains.
À l'occasion d'un dîner avec les amis que je fréquentais le plus, majoritairement diplômés de Sciences Po et d'écoles de commerce, j'ai joyeusement annoncé ma reconversion et précisé que j'avais décidé de passer le concours des écoles privées. Après un instant de consternation générale, les questions ont fusé, puis la remarque: «mais tu te rends compte que tu seras payée pour laver le cerveau de tes élèves ?» On m'a alors expliqué que je faisais œuvre de séparatisme en allant travailler dans une école catholique, même sous contrat, et que je ferais bien de reconsidérer ma position. Instit’ oui, formidable, quel beau métier ! Mais il fallait devenir soldat de la république et du vivre ensemble alors !
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