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Actualité de Quas Primas

Nous reproduisons ici l’article de Philippe Darantière publié dans le numéro 104 de notre revue disponible à l’achat ici.

Président de Notre­-Dame de Chrétienté, chef d’entreprise et essayiste. Il a publié Pour une action politique catholique (Édi »ons de Paris 2005) et Le Technonihilisme (Presses de la délivrance, 2015).

« Pour qu’Il règne sur la terre comme au ciel », l’association Notre-Dame de Chrétienté a voulu souligner l’actualité de Quas Primas en ce centenaire de l’encyclique du pape Pie XI, souhaitant que cet anniversaire soit l’occasion d’une redécouverte de la doctrine du Christ « Roi des nations ».

La royauté du Christ dans l’enseignement des papes

Jusqu’à la Révolution française, une même conception du pouvoir temporel avait globalement prévalu dans le monde occidental. Éclairée par l’enseignement de l’Église, l’autorité politique poursuivait la mission d’assurer le bien commun.
C’est en effet parce que toute la création est ordonnée à Dieu que le pouvoir politique doit permettre, favoriser et parfois faire épanouir les vertus chrétiennes dont l’exercice ici-bas assure à l’homme le salut éternel. La vocation du politique était simple : créer, au moyen de la loi, l’ordre en vue du bien commun, par le maintien de la paix, de la justice, la protection des faibles, etc.

Face au renversement de cette conception, que représente depuis la Révolution le principe d’une souveraineté populaire exempte de toute référence à Dieu, les papes ont développé une doctrine sociale destinée à restaurer une vision chrétienne de l’exercice du pouvoir temporel.

  • Pie IX (1846-1878) consacre l’encyclique Quanta Cura (1864) et son supplément, le Syllabus, à la réfutation des erreurs issues de la Révolution : libéralisme, socialisme, nihilisme. La doctrine révolutionnaire, formalisée dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, est analysée et critiquée point par point.

  • Léon XIII (1878-1903) dépasse la réfutation et jette les bases de la doctrine sociale catholique :

    • Immortale Dei (1885) : distinction possible entre État et Église mais rejet de la séparation.

    • Rerum Novarum (1891) : actualisation de la doctrine du bien commun dans les relations entre employeurs et salariés.

    • Au milieu des sollicitudes (1892) : tentative d’inciter les catholiques français à agir par la voie parlementaire (politique du « Ralliement »).

    L’échec de ce projet conduit à la séparation de l’Église et de l’État et aux lois d’expulsion des congrégations.

  • Saint Pie X (1903-1914) oriente son pontificat par l’encyclique E Supremi (1903) : « Instaurare omnia in Christo » (« Tout restaurer dans le Christ »).
    Il lutte contre le modernisme et affirme les droits de Jésus-Christ sur les nations. Dans Notre charge apostolique (1910), il déclare :
    « Non, la civilisation n’est plus à inventer ni la cité nouvelle à bâtir… Elle a été, elle est : c’est la civilisation chrétienne, c’est la cité catholique. »

La doctrine du Christ Roi de Pie XI

Le 11 décembre 1925, Pie XI (1922-1939) couronne l’enseignement social de ses prédécesseurs par l’encyclique Quas Primas. Il proclame la royauté sociale du Christ et institue la fête liturgique du Christ-Roi comme remède à une société sans Dieu, ravagée par la Première Guerre mondiale :

« Les maux sur l’univers proviennent de ce que la plupart des hommes ont écarté Jésus-Christ et sa loi très sainte de leur vie… Jamais ne pourra luire une ferme espérance de paix durable tant que les individus et les nations refuseront de reconnaître et proclamer la souveraineté de Notre Sauveur. »

Sens de la royauté sociale du Christ

Pie XI rejette l’idée que le royaume du Christ ne soit qu’une allégorie spirituelle :

« Ce serait une erreur grossière de refuser au Christ-Homme la souveraineté sur les choses temporelles, quelles qu’elles soient. »

Le Christ règne :

  • par droit d’héritage comme Fils,

  • par droit de conquête comme Rédempteur,

  • par droit souverain comme législateur, juge et seigneur.

Rien n’échappe à son empire.

Condamnation du laïcisme

Quas Primas dénonce l’« apostasie publique » engendrée par le laïcisme :

« La peste de notre époque, c’est le laïcisme… On commença par nier la souveraineté du Christ sur les nations ; on refusa à l’Église le droit d’enseigner et de gouverner en vue de la béatitude éternelle… Certains États crurent pouvoir se passer de Dieu et firent consister leur religion dans l’irréligion. »

L’encyclique est lue comme une prophétie :

« Si les hommes venaient à reconnaître l’autorité royale du Christ, des bienfaits incroyables… se répandraient infailliblement sur la société. »

Actualité de Quas Primas

Même après Vatican II et la reconnaissance de la liberté religieuse comme limite au pouvoir des États en matière de conscience, la doctrine reste immuable.
Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC 2105) rappelle :

« Le devoir de rendre à Dieu un culte authentique concerne l’homme individuellement et socialement… »

Les chrétiens sont appelés à être la lumière du monde et à manifester la royauté du Christ sur la société.
Le pape François, en 2024, a rappelé que la foi « ne doit pas s’épuiser dans le sanctuaire de la conscience » mais qu’elle a aussi sa place dans la société :

« Les croyants peuvent se retrouver sur un chemin commun avec les institutions laïques. »

 

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