La réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron est l’objet d’une opposition massive traversant l’ensemble du spectre politique français. Au-delà de la réforme en elle-même, c’est l’utilisation de l’argent public qui pose question. Ainsi, de nombreux Français s’étonnent que l’argent semble couler à flot pour la crise sanitaire ou pour financer l’effort de guerre ukrainien mais que la bourse soit vide pour les retraites.

La France paie

 

En septembre 2021, le ministre des Comptes publics Olivier Dussopt (depuis passé au portefeuille du travail) estimait à 70 milliards d’euros les dépenses exceptionnelles de l’État pour la crise sanitaire en 2020 et autant pour l’année 2021.

 

Des dépenses d’ampleur qui interrogent, à l’heure où les Français sont invités à faire des efforts pour « sauver le système des retraites ». Il n’est pas question ici d’évoquer le fond de la réforme, la nécessité ou non de cotiser davantage mais simplement de rappeler qu’après deux ans d’argent magique (paiement des salaires sans travail du fait du confinement, aides massives aux entreprises…), il est difficilement justifiable de faire avaler la pilule des retraites aux Français.

 

L’explosion de l’inflation et la crise inévitable après l’arrêt forcé par l’État de l’économie sont autant de facteurs qui vont peser sur le portefeuille des Français. Dans un tel contexte, que nombre d’entre eux veuillent défendre leur retraite, considérée comme un acquis, n’apparaît pas absurde.

 

Les Français trinquent

 

Si le système des retraites est perfectible et nécessite probablement d’être réformé, le moment décidé pour effectuer la réforme apparaît comme mal choisi. Pour beaucoup de contribuables, après les très larges dépenses sanitaires, ces sollicitations agacent. A cela s’ajoute l’aide à Kiev ; un financement bien moindre, certes - l’Institut Kiel évoquait en 2022 un engagement à verser de 7,39 milliards de dollars dont près de 6 via l’aide européenne, mais qui peut soulever avoir des conséquences certaines dans l’opinion.

 

De l’argent pour le Covid et pour l’Ukraine mais pas pour les retraites, l’équation semble parfaite pour empêcher la mise en place de la réforme Macron. La mise à l’arrêt du pays pendant plusieurs mois se payera cher. Financièrement d’une part mais aussi en matière de capacité de réforme. En montrant l’inutilité de pans entiers de l’activité économique, une boîte de Pandore semble avoir été ouverte…

 

Olivier Frèrejacques

Délégué général de Liberté