Edouard Philippe, futur président de la République

À mesure que la fin du mandat d’Emmanuel Macron s’impose, l’hypothèse d’Édouard Philippe comme successeur gagne en crédibilité. Son profil semble correspondre aux attentes actuelles du théâtre politique français, et il n’a, pour l’heure, pratiquement aucun concurrent sérieux face à lui.

Un profil chiraquien pour succéder à un profil sarkozyen… C’est le ballet républicain qui se joue sous nos yeux à deux ans de la prochaine élection présidentielle. Édouard Philippe, « premier » Premier ministre d’Emmanuel Macron, apparaît comme un sérieux prétendant à sa succession.

L’alternance jeune prétentieux-vieux mou en toile de fonds

La France n’est pas tout à fait un pays d’alternance politique, contrairement à ce que certains commentateurs laissent parfois entendre de manière simpliste. L’alternance entre un président de centre-droit et un président de centre-gauche révèle des nuances concrètes, mais finalement assez ténues.

La véritable alternance semble résider, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy, dans une succession de profils. À Jacques Chirac, figure imposante mais débonnaire, a succédé celui que l’on a surnommé l’« hyperprésident » : Nicolas Sarkozy, un chef d’État qui « casse les codes » en s’empressant de tout commenter, donnant l’impression de vouloir s’impliquer dans tous les dossiers.

À ce profil énergique a succédé l’icône de la mollesse, François Hollande. Plus cultivé, plus subtil et bien plus cynique, celui qui fut choisi par défaut dans son propre après les escapades newyorkaise de Dominique Strauss-Kahn a su capitaliser sur l’image négative de Nicolas Sarkozy, largement relayée par la presse. À cela s’ajoute, bien sûr, le bilan désastreux des cinq années au pouvoir de son prédécesseur.

En 2017, un retour de balancier propulse Emmanuel Macron à la place de François Hollande dans un hold-up politique retentissant. La presse s’en donne à cœur joie et forge, en quelques mois, l’image fantasmée d’un trentenaire surdoué, capable de sauver le pays. Huit ans plus tard, alors que jamais la France n’a eu un président aussi bavard, le pays semble prêt à repartir vers un profil plus apaisé… Et plus âgé.

Un candidat seul ou presque

La candidature d’Édouard Philippe prend ici tout son sens. Gabriel Attal, trop vert, ne lui résiste pas dans les sondages. À droite et au centre, personne ne se détache véritablement. Bruno Retailleau dispose d’une marge de manœuvre limitée, et sa participation au gouvernement l’empêche de jouer la carte de la rupture. Les autres semblent partir de trop loin et, parmi le personnel politique en place, aucun ne paraît capable de susciter un réel engouement.

À gauche, la multiplicité des candidatures pourrait empêcher une personnalité de ce bord d’atteindre le second tour. Jean-Luc Mélenchon, bien que favori, est détesté par ses adversaires et ne semble pas en mesure de fédérer l’ensemble des forces du NFP en 2027. Le fondateur des Insoumis apparaît condamné au même plafond de verre que le FN il y a deux décennies.

Côté RN, l’éviction de Marine Le Pen change la donne. Si les sondages montrent une bonne résistance de Jordan Bardella en cas de candidature, l’eurodéputé n’y arrivera pas. Trop jeune pour succéder au plus jeune président de la Cinquième République, il apparaît également insuffisamment préparé, même si la compétence n’est pas toujours un critère décisif en matière d’élection. Enfin, là où Marine Le Pen bénéficiait du soutien indéfectible d’un parti dévoué, Jordan Bardella devra, en cas de confirmation de la condamnation de Marine Le Pen, affronter des manœuvres internes hostiles et une campagne de dénigrement acharnée à laquelle il risque de ne pas résister. Si Marine Le Pen, forte de son expérience, pouvait avoir une carte à jouer face à Édouard Philippe, Bardella, lui, risque davantage d’agir comme un repoussoir.

À deux ans de l’élection présidentielle, de nouvelles figures, alliances ou événements pourraient encore bouleverser la donne électorale.

Cependant, à l’heure où nous écrivons ces lignes, l’hypothèse Édouard Philippe apparaît comme la plus probable.

Olivier Frèrejacques
Président de Liberté politique