L’esprit faucon règne au Capitole ; il n’est donc pas exclu que le Congrès donne son aval à une intervention des États-Unis en Syrie. Seule parmi les 192 autres États, la France a annoncé qu’elle suivrait. François Hollande a-t-il compris qu’en s’engageant dans pareille aventure, il surexpose dangereusement notre pays ?
« LA GUERRE tend naturellement à monter aux extrêmes » dit Clausewitz. Qui dit action dit réaction et, en l’espèce, représailles. Qui sait jusqu’où elles iront, de la part de la Syrie mais surtout de la Russie ?
On ne sait pas aujourd’hui de quelles représailles il peut s’agir : action de groupes terroristes, représailles armées, contre quels objectifs, militaires ou civils ?
Il peut y avoir aussi des représailles commerciales ; officielles de la part des pays engagés mais aussi officieuses, du fait de la mauvais réputation que se sera acquise la France, ou qu’elle aura aggravée dans une grande partie du monde. Car ne nous leurrons pas : la plus grande partie du monde, notamment toutes les puissances émergentes, est, dans cette affaire, contre nous.
Des preuves éventuelles de l’usage des gaz toxiques par le régime de Damas, même assurées, n’ont guère de chances de convaincre tous ceux qui se souviennent de la falsification des preuves dans l’affaire des armes de destruction massive en Irak.
Sur qui tomberont les représailles ? Sur la France évidemment. Les États-Unis sont trop loin, trop puissants, personne n’osera les frapper et ce sera de toute façon difficile.
Les autres pays se sont mis hors de cause.
Reste la France et la France seule.
Inconscience
Si le Royaume Uni s’était engagé dans cette aventure, les États-Unis auraient peut-être pris sa défense. Heureusement la vieille fibre démocratique britannique s’est réveillée avec le vote historique du Parlement du 29 août refusant l’intervention armée. Mais il ne faut pas se faire d’illusions : les États-Unis ne viendront pas au secours de la France.
La France a beau se trémousser pour apparaitre désormais comme le meilleur allié des États-Unis, le mépris de la France demeure un sentiment puissant outre-Atlantique. Il ne s’est nullement atténué au fur et à mesure que notre pays a aligné sa diplomatie sur celle de Washington : on respecte un allié difficile, on méprise un allié soumis. Si des représailles russes ou arabes viennent à nous toucher, les États-Unis ne viendront à notre aide que s’ils ne courent aucun risque. Il y a fort à parier que nous soyons alors dramatiquement seuls.
François Hollande aurait dû prendre en compte cette donnée. Il a été élu pour être le chef suprême des Français. Sa première mission est d’assurer leur sécurité, comme celle d’un père est d’assurer celle de sa famille. Le dangereux aventurisme avec lequel il se déclare prêt à engager son pays témoigne d’une rare et inquiétante inconscience.
R. H.
Pour en savoir plus :
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