Dans une lettre à ses diocésains, Mgr Aillet revient sur la polémique suite à son tweet sur l'avortement. Extrait :
"[...] Ce tweet aura au moins révélé le climat d'intolérance qui caractérise notre société secouée par une grave perte de repères et où règne une sorte de «dictature du relativisme». Comme me le confiait un évêque dans un message de soutien : « Le plus violent est l'intolérance à tout débat et à toute parole libre sur le drame de l'avortement dans notre société ». Et le Pape François dans La joie de l'Evangile de pointer : « Fréquemment, pour ridiculiser allègrement la défense que l'Église fait des enfants à naître, on fait en sorte de présenter sa position comme quelque chose d'idéologique, d'obscurantiste et de conservateur. Et pourtant cette défense de la vie à naître est intimement liée à la défense de tous les droits humains. Elle suppose la conviction qu'un être humain est toujours sacré et inviolable, dans n'importe quelle situation et en toute phase de son développement. Elle est une fin en soi,et jamais un moyen pour résoudre d'autres difficultés » (n. 213. C'est ce qu'il me rappelait, non sans une certaine véhémence, lors de ma courte entrevue sur la Place Saint-Pierre le 24 février dernier, en citant ses propres paroles aux journalistes, dans l'avion qui le ramenait du Mexique :« L'avortement n'est jamais un moindre mal, c'est un crime, c'est le mal absolu ».
Ce tweet semble avoir rouvert un débat confisqué et interdit depuis plus de 40 ans, comme l'atteste la tribune sur « le droit à l'avis » qu'avec six autres évêques - n'ayant pas eu le temps nécessaire d'en contacter d'autres -, nous avons signée dans le Figaro du 30 janvier dernier. C'est que, depuis le vote de la Loi Veil en 1975, l'avortement est une affaire entendue et est devenu un sujet tabou. J'ai pourtant la conviction, si j'en crois les très nombreuses réactions positives que j'ai reçues du diocèse et bien au-delà, qu'une parole est attendue et qu'elle peut avoir un effet libérateur et encourageant. Je pense notamment à de nombreux jeunes rencontrés ici ou là, et qui peinent à construire leur vie dans une société où les repères de sens sont si souvent brouillés, qui attendent une parole de père. En ce sens, je me réjouis de recevoir aujourd'hui du Conseil « Famille et Société » de la Conférence des évêques de France un ensemble de fiches pédagogiques sur la question de l'avortement (intitulées : « Réfutations d'affirmations usuelles concernant l'avortement »), réalisées par Mgr Michel Aupetit avec le Pôle Santé du Service National Famille et Société. Ces fiches sont destinées à offrir aux chrétiens des éléments de réflexion et de discernement en vue d'un dialogue et d'un débat autour des questions touchant l'avortement.
J'en profite pour remercier tous ceux qui m'ont apporté le soutien de leur prière, de leur amitié et de leur encouragement. Je les remercie certes de se mobiliser, mais que ce soit surtout pour défendre et promouvoir les causes justes qui appartiennent à la mission prophétique de l'Eglise, et toujours de manière pacifique, dans le respect des personnes et en évitant soigneusement toute posture de politique partisane.
Ceci dit, pour promouvoir une « culture de vie », nous ne saurions limiter notre action à la seule expression publique d'une conviction conforme à la raison et à la foi. Comme nous y invitait saint Jean Paul Il dans sa lettre encyclique prophétique L’Évangile de la Vie, il s'agit non seulement d'annoncer et de célébrer mais encore de servir concrètement l’Évangile de la Vie. Ce que les prêtres font dans leur ministère pastoral quotidien, par l'accueil et l'accompagnement des personnes pour les mettre en relation avec le Christ miséricordieux, beaucoup de consacrés et de fidèles laïcs le font, et pour certains à travers leur engagement dans telle ou telle association (CLER, AFC, ALLIANCE VITA, etc.). C'est la raison pour laquelle, j'ai apporté mon soutien à l'association « Naissance et vie 64 » qui cherche à mettre en place à Bayonne une maison d'accueil maternel pour femmes enceintes en difficulté. C'est aussi pourquoi la Pastorale familiale a ouvert un « Accueil Louis et Zélie » avec une quinzaine de bénévoles formés, pour accueillir, écouter, accompagner, voire orienter des personnes souffrant de diverses blessures de l'affectivité.Nous optons ainsi résolument pour une Eglise « vue comme un hôpital de campagne », selon la belle expression du Pape François. Car si le Saint-Père affirmait : « Ce n'est pas un progrès de prétendre résoudre les problèmes en éliminant une vie humaine », il ajoutait aussitôt : « Mais il est vrai aussi que nous avons peu fait pour accompagner comme il convient les femmes qui se trouvent dans des situations très dures, où l'avortement se présente à elles comme une solution rapide à leur profonde angoisse, en particulier quand la vie qui croît en elles est la conséquence d'une violence, ou dans un contexte d'extrême pauvreté. Qui peut ne pas comprendre ces situations si douloureuses ? » (La joie de l'Evangile, n. 214). Et dans ce domaine, il y a tant à faire. [...]"
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