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Toute l'Histoire de France

Toute l'Histoire de France
  • Auteur : Jean-Claude Barreau
  • Editeur : Le Libre de Poche
  • Année : 2012
  • Nombre de pages : 284
  • Prix : 6,60 €

Il faut soi-même avoir assimilé son sujet – la France, rien que cela - pour se juger apte à le régurgiter quasiment à livre(s) refermé(s), comme un avocat qui vous plaiderait votre histoire pendant deux heures sans jeter un coup d’œil sur son dossier de plaidoirie. Eh oui ! C’est là que le bas – non le bât – blesse et nous rabaisse, nous et le pays, cher pays de notre enfance comme le chantait Charles Trenet, oui, tout ce bas, vulgarité vulgaire, manichéisme larvé et larvaire des capo-moralistes en chef, psychorigidité, ressentiment des modernes attardés (représentants d’une époque nommé post-modernité ou modernité tardive) qui nous contraignent à faire de la France une cause à plaider. Quel paradoxe, quel renversement des valeurs ! Car c’est elle qui, du haut de ses deux millénaires, nous contemple. Nous n’avons qu’à bien nous tenir et à nous y tenir : à cette attitude de sujets humbles et reconnaissants qui savent ce qu’à leur passé chacun se doit.

Barreau, sans son froc, tout aussi à l’aise dans les siècles (le temps) que dans les siècles des siècles (l’éternité dont l’Eglise est censé nous donner une idée) nous offre une vison ensemble légère et profonde de l’histoire du pays. On y discerne des zones (en Histoire, la mémoire et la vision sont spatio-temporelles, avec quelques fugaces touches d’odeurs) lumineuses : l’époque moins gallo que romaine entre le premier et le cinquième siècle ; le Moyen-Âge des XIème au XIIIème siècles où la pierre était blanche et le climat chaud ; le Grand Siècle de Louis XIV. Les premières et secondes périodes napoléoniennes obtiennent largement la moyenne. Les Mérovingiens végétèrent en se combattant en familles : il semble alors qu’après de premiers siècles de grossesse plutôt heureux, la phase de préparation de la France connut quelques difficultés. D’ailleurs, on crut d’abord à des triplés. Par le traité de Verdun (le bien-nommé) de 843, l’empire de Charles le Grand s’en fut divisé en trois entités : la Francie orientale, la Lotharingie et la Francie occidentale (on le voit : nous sommes au départ un précipité de celtes romanisés, de germains encore barbares, avec, il se peut, d’autres apports moins heureux). A chaque page, que dis-je ! à chaque ligne, Barreau mériterait d’être repris, complété, commenté, retranché, c’est la règle du jeu, c’est la règle du genre ; il n’y a pas à s’en offusquer. Ce qui doit au principal importer sont la qualité et le bon esprit du panorama photographié : les retouches de l’artiste (ses appréciations personnelles) n’endommagent pas le tableau. On tiquera toutefois plus à certains passages qu’à d’autres : les dernières recherches, si elles confirment que Charles X commit une grosse erreur en voulant limiter la liberté de la presse, il est loin d’être acquis que Louis dix huîtres fut, des trois frères (avec Louis XVI) le plus intelligent ; il est par définition toujours hasardeux de pratiquer l’uchronie, fut-elle rétrospective (si tel événement avait ou n’avait pas eu lieu, on ne peut en déduire que tel autre serait ou ne serait pas advenu,- exemples : réaction française au réarmement allemand et Seconde guerre mondiale ; armistice de 40 et suites de la guerre) [1] D’autre part, certains lieux communs sont sujets à caution : l’attentat contre Jean-Paul II ne fut pas à coup sûr fomenté par l’URSS [2].

A l’instar de Jean-Claude Barreau, Dimitri Casali a lui aussi bien mérité de la patrie. On a compris qu’il balayait dans le même sens que son confrère de professeur. Et ce sens, c’est le sens de l’Histoire,- celui qu’en elle-même, cette dernière détient et que seuls l’orgueil ou le plus haute mystique nous permettraient de prétendre connaître -, non celui que les ‘‘modernes attardés’’, rétractés sur leur soif de revanche (revanche contre un passé dont ils se croient par hérédité, plus que par légitime héritage, les victimes et les créanciers), imaginent pouvoir lui assigner. Résumons la chose d’une phrase : tout ce que Barreau et Casali nous donnent à lire, donc à voir et à comprendre est bel et bon, est l’œuvre de bien-pensants. Et c’est, vous l’imaginez, en pesant chaque syllabe, que nous mentionnons ces derniers mots. Mais, il faut aller plus loin, et c’est la science appelée psychologie qui nous le permet. Traitant de l’assimilation abusive de Napoléon Ier à Hitler, nous nous sommes empressés de regarder si Casali citait Claude Ribbe, lequel fut, parmi d’autres faits ou méfaits, à l’origine de la commémoration silencieuse de la victoire d’Austerlitz. Claude Ribbe est le fils méritant (au sens que lui donnaient les hussards de la IIIème République) d’un dentiste montluçonnais d’origine guadeloupéenne et d’une valeureuse creusoise ayant exercé la profession d’infirmière psychiatrique. Elevé à Paris à la force du poignet, tandis que, dans ces années soixante, nous lisions bien sur les panneaux touristiques «En Creuse, vacances heureuses», Claude Ribbe pensait ‘‘ailleurs, vacances meilleures’’. Et puis, voyez-vous, nonobstant tout le bien que nous pensons d’un Finkielkraut, s’entendre traité par lui, sous une moue condescendante, de «normalien noir», voilà qui la fout mal comme on dit vulgairement. Claude Ribbe aime les vieilles pierres, les duchesses, la religion catholique, ne déteste pas Aussaresses, est capable dans un théâtre de réunir toute la culture, Guéant et son séant, Aillagon et son mignon, en somme, le monde et son bottin. Mais, à certains, il aimerait bien botter le popotin. Marcel Proust écrivait que nos idées ne sont bien souvent que les «succédanés» de nos émotions. C’est dire que, de la susceptibilité à la vindicte et à l’idéologie, il n’y a qu’un pas, que la différence d’une enfance et d’une adolescence. Casali, Barreau, républicains de France et de Navarre, encore un effort : la France accomplirait-elle pleinement son rôle assimilateur, et vous verriez que, de ces malgré tout bons élèves, vous en récupéreriez plus d’un !

Hubert de Champris

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Dimitri Casali,

L’Histoire de France interdite,

JC Lattès,

287 p.,

19 €

[1] voir par exemple François-Georges Dreyfus, Histoire de Vichy, Fallois.

[2] voir Roumiana Ougartchinska, La vérité sur l’attentat contre Jean-Paul II, Presses de la Renaissance. 


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