Nos coups de coeur
Bertrand Vergely est normalien, agrégé de philosophie et professeur de khâgne, il enseigne également à l’Institut d’études politiques de Paris.
Dans son dernier essai philosophique Obscures lumières, il revient sur les mythes qui entourent le siècle des Lumières, pour en révéler aussi la part d'ombre. Son ouvrage prouve qu’en France, il existe encore des esprits qui sortent des sentiers battus, voire du conformisme intellectuel en se livrant à une attaque au vitriol contre la philosophie des Lumières.
Ainsi pour l’auteur, les Lumières sont loin d’apporter la paix et l’harmonie. Si elles ont certes accouché des systèmes libéraux, bien des auteurs, dont Hannah Arendt, ont prouvé la relation quasi filiale qui les unit aux systèmes totalitaires du XXe siècle.
Bertrand Vergely démontre que les Lumières engendrent inévitablement un système tyrannique et ce, pour plusieurs raisons : la volonté de faire descendre le Ciel sur la Terre, l’ambition de faire table rase du passé et l’amour, la tolérance et la religion des Droits de l’homme.
Dans une récente interview au Figaro, il déclarait : « Au XVIIIe siècle cette idolâtrie débouche sur la Terreur, au XIXe siècle sur le nihilisme intellectuel, au XXe siècle sur le totalitarisme ».
De même l’auteur souligne que les Lumières créent un monde qui « domine tout, qui maîtrise tout, par la politique et par la science », autrement dit, exactement ce que furent les utopies totalitaires. Autre lien, la haine de la religion chrétienne, l’athéisme agressif, la guerre religieuse dont notre système républicain a hérité et qu’il entretient.
Vergely poursuit : « La morale qu'ont inventée les Lumières est une morale libertine, dont j'ai montré qu'elle pouvait être illustrée par trois visages : la critique intellectuelle, Don Juan, et le Marquis de Sade. Cette nouvelle morale repose donc sur un triptyque : Liberté d'esprit - Séduction – Transgression ». Il finit par conclure : « la ‘vraie morale laïque’ n'existe même plus aujourd'hui. » Celle-là même qui était enseignée sous la Troisième République et qui n’était rien d’autre qu’une morale chrétienne laïcisée.
Les pages consacrées à Sade mettent en exergue sa haine du christianisme et le rôle de la prostitution et de la pornographie dans le processus d’émancipation du genre humain. Un processus qui n’a rien perdu de son actualité !
Un ouvrage qui s’attaque avec virulence et pertinence à l’un des pivots de notre modernité politique.