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Liquidation
Dans Liquidation, Frédéric Rouvillois rapproche la pensée politique du huitième président de la République avec la doctrine de Saint-Simon, idéal d’émancipation et d’épanouissement universel se basant sur la science.
La victoire d’Emmanuel Macron en 2017 interrogeait tous les commentateurs politiques : comment un homme quasi-inconnu du grand public au discours empathique et à l’image aseptisée a-t-il pu l’emporter ? Succès inexplicable selon les catégories habituelles, il convenait d’y voir des circonstances exceptionnelles exploitées par un personnage avant tout pragmatique. Au contraire, Frédéric Rouvillois pense que cet OVNI politique ne vient pas de nulle part et qu’il a une pensée bien plus structurée qu’on ne le croit.
Héraut du monde nouveau, celui de l’industrie et du progrès, de l’émancipation de la famille et des vieilles croyances, Emmanuel Macron veut liquider l’ancien monde et son héritage. Dans un impératif de mouvement – qui s’oppose à l’immobilité, il veut aussi le liquéfier : les entraves sociales, économiques et géographiques doivent sauter pour que chacun puisse se réaliser tel qu’il est réellement.
Comme tous les saint-simoniens, Emmanuel Macron sanctifie le Progrès et invite à « penser printemps » : le printemps, qui est un avenir meilleur – voire un salut terrestre, il faut le penser, et surtout le penser avant qu’il n’advienne, comme une disposition de l’esprit. Cette foi nouvelle et universelle veut singer le christianisme.
Sur la question de la tradition et de la monarchie, le président de la République peut paraître ambigu, mais ce n’est pourtant pas le cas : la doctrine saint-simonienne constate leurs déclins respectifs, les regrettent d’une certaine manière, et cherchent surtout à les remplacer. Sur ce point, Frédéric Rouvillois apporte un éclairage nouveau et une démonstration convaincante.
