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De quoi DSK est-il le nom ?

De quoi DSK est-il le nom ?
  • Auteur : Damien Le Guay
  • Editeur : L'Oeuvre
  • Année : 2011
  • Nombre de pages : 208
  • Prix : 19,00 €

De quoi Dominique Strauss-Kahn est-il le nom ? L'interrogation n'a-t-elle pas, de façon toute subliminale, déjà résonné à nos oreilles ? N'est-elle pas un écho de cette autre question lancée naguère par le philosophe Alain Badiou ? À dire vrai, question connexe que voici : De quoi Sarkozy est-il le nom ? Et, d'un coup, par ses deux interrogations réunies, voici sans doute révélée toute la problématique sous-jacente au propos de Damien Le Guay. De cette révélation, le jeune essayiste nous donne ici quelques bribes, lueurs infernales qui irradient la société dans toutes ses couches sociales, dans tous ses domaines d'action.

Si, par son action au Fond monétaire international, par l'idéologie politico-économique dont il est le vecteur et qui se confond avec les dévoiements de la véritable pensée libérale en la matière, par son comportement et, d'une manière, par ce qui transpire de toutes les fibres de son être, DSK est un symptôme, c'est qu'il renvoie à une maladie.

Comme un médecin généraliste, l'auteur nous livre en l'espèce un diagnostic lucide : ce sont les tares engendrées par les idées libéral-libertaires ânonnées dans les cortèges de la révolution de Mai 68, leurs avatars successifs depuis lors qui se voient comme récapitulés dans la personne de Strauss-Kahn, dont, après le président du Conseil Joseph Laniel, un nouveau Mauriac aurait pu écrire que ce bonhomme là, en sa dégaine, en son sans-gêne, du même pas, nous promène son pesant de lingots.

Damien Le Guay doit-il demeurer généraliste ? C'est tout le corps social qui est malade — grand corps malade abîmé de s'être laissé gangrener depuis quarante ans par tous les idéologues de pacotille (et cela va du corps [le corps, oui, toujours le corps] enseignant au clerc dévoyé frotté de freudo-marxisme) qui l'ont évertué à troquer l'antique et contrit Je m'accuse par le névrotique : Mon Père, je Marcuse.

Si doit-on, dès lors, se faire chirurgien, d'aucuns répondront que c'est là l'œuvre du politique. Mais, pour affiner son scalpel, tenir ferme et précis son bistouri, ce dernier a aussi besoin de spécialistes. Poursuivant son internat, Damien Le Guay pourra se reporter aux analyses d'un Jean-Pierre Le Goff (La Gauche à l'épreuve, Tempus/Perrin), plus encore à celles d'un Jean-Claude Michéa (Le complexe d'Orphée : La gauche, les gens ordinaires et la religion du progrès, Climats), spécialiste du socialisme, qui montre que Mme Parisot, la patronne du Medef, a levé le masque : le capitalisme, aujourd'hui, a bel et bien partie liée avec l'hyper-libéralisme décliné à toutes sauces.

En conséquence, de quoi DSK est-il le nom ? D'une posture de rassurant dévot de la matière, d'adorateur du Veau d'or fustigé avant-guerre par Bergson, d'une imposture qui veut nous faire accroire que de, nos jours, le social ne se réalise plus que dans une seule vertu, la vertu capital. À travers l'affaire DSK, est-ce la morale qui pousse ses derniers râles ? S'il en est ainsi, alors, tout bien pesé, à la fin de son cours, à l'adresse de ses étudiants d'HEC, Damien Le Guay, du haut de sa chaire, n'aura peut-être bientôt plus qu'à lancer :  Prenez garde ! Prenez garde qu'à l'avenir, de DSK, nul ne puisse dire un jour que vous êtes le nouveau nom... 

Hubert de Champris

 

 

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