Le coup de billard à 4 bandes de François Bayrou

En obtenant un accord « au cas par cas » avec les Socialistes, François Bayrou provoque des réactions en chaîne dans le petit monde politique français. Loin de s’assurer un mandat stable, il sera au moins parvenu à faire des dégâts chez ses adversaires et ses ennemis, et ils sont nombreux.

Au concours de cynisme, on pensait Emmanuel Macron roi, mais François Bayrou a aussi des atouts ! En parvenant à obtenir un accord, non pas de non-censure mais « au cas par cas », lui permettant d’éviter au moins un temps la censure, le Premier ministre a tout d’abord réussi à faire imploser la gauche ou tout au moins à en extraire les socialistes. Ces derniers, à quelques mois de leur Congrès, sont divisés tant côté militants que cadres, sur la marche à suivre avec les Insoumis. Les Communistes et les Écologistes, pourtant d’ordinaire plus proches des Socialistes que des Insoumis, ont suivi les troupes mélenchonistes…

Deuxièmement, François Bayrou a tordu le bras des Républicains. Laurent Wauquiez, qui évoquait un hypothétique retour sur la réforme des retraites comme étant « irresponsable », a tôt fait de revenir dans le rang en affirmant qu'il « y avait quand même de bonnes intentions » dans le discours de politique générale de François Bayrou. La non-censure des socialistes n’entraînera pas le départ de ministres comme Bruno Retailleau qui, indirectement, prennent part à une coalition très large allant de la gauche socialiste à la droite LR.

Troisièmement, François Bayrou se dispense d’être dépendant du Rassemblement national. En effet, une motion de censure du Nouveau Front Populaire (NFP) sans les Socialistes, mais avec les voix du RN et même des Ciottistes, ne permettrait pas de censurer le gouvernement. Le Premier ministre se place dans une situation très inconfortable, car contenter LR et le PS sera très compliqué, mais il peut tenir quelques mois en attendant peut-être d’adopter une autre stratégie….

Enfin, le Premier ministre François Bayrou porte un coup sévère à son adversaire le plus intime : Emmanuel Macron. En dépit du soutien du centriste à l’ancien Socialiste, les relations entre les deux personnalités n’ont jamais été franchement cordiales. En proposant de revenir sur la réforme des retraites, le Béarnais pourrait dépiauter ou tout au moins réécrire la réforme emblématique du règne Macron. Un plaisir de fin gourmet pour un personnage loin d’être un tendre derrière sa mollesse apparente.

 

Olivier Frèrejacques

Président de Liberté politique