Nous connaissons depuis quelques jours les têtes de listes des Républicains pour les prochaines élections européennes. En fait de tête de liste, nous en avons trois pour le prix d’une.
Là où les autres partis, faisant preuve d’un triste et banal manque d’originalité, ont désigné un candidat pour guider leur liste, le parti de Laurent Wauquiez insiste sur le choix d’un trio : en creux, on y lira surtout l’art de choisir sans choisir, le flou idéologique transformé en opération de communication, l’incapacité à trancher pour ne mécontenter personne… et laisser au bout du compte tout le monde sur sa faim.
En faisant le choix du non-choix, les Républicains s’exposent à une campagne pour le moins complexe. Rachida Dati a bien insisté : « c’est un projet collectif. » Oui, mais… chaque membre du trio est là pour veiller scrupuleusement sur les deux autres, afin d’éviter les déviances et contrôler tout écart de langage. On sait bien que le collégial est généralement le masque de la paralysie politique…
Car en fait de projet, qu’en est-il exactement ? Passons en revue trois thèmes décisifs de la campagne, sur lesquels les attentes des Français – et tout spécialement des électeurs de droite – sont grandes.
L’immigration, pour commencer. Malgré des tentatives timides de la part de Laurent Wauquiez pour briser le mur du politiquement correct, elle est reste un sujet encore largement tabou pour les Républicains. On s’interroge : qui des trois champions osera affronter ouvertement et sans langue de bois la question du drame de cette immigration incontrôlée qui est en train de détruire la France ?
L’islamisation, pour continuer. Qui des trois champions osera affronter ouvertement et sans langue de bois la question de l’islamisation rampante qui est en train de détruire la France ? L’islam aussi est un mot tabou chez les Républicains.
L’Europe, pour finir. La contradiction y est encore plus flagrante. Qui des trois champions osera affronter ouvertement et sans langue de bois la question de cette Europe dictatoriale qui est en train de détruire la France ? La seule chose que l’on sait à ce jour, c’est que la ligne officielle reste désespérément européiste depuis le conseil national de Menton en juin. A Bruxelles, les élus LR auront à siéger sur les bancs du PPE, aux côtés de Jean-Claude Juncker, président de la commission, pour ne citer que lui. Comment espérer se distinguer efficacement de la ligne macroniste dans ces conditions ?
Bref, nous avons sous nos yeux un attelage bancal qui se donne pour premier objectif de jouer les équilibristes, mais qui pourrait bien verser d’un seul coup dans le fossé… Affaire à suivre !
François Billot de Lochner
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