GENERATION BENOIT XVI, nous sommes, Génération Benoît XVI nous resterons. Comme vous, l’annonce de la renonciation du Saint-Père nous a frappés de stupeur. Nous nous sentons orphelins, même si nous savons avec lui que l’Eglise est la jeunesse du monde, quoi qu'il arrive. « L’avenir appartient vraiment à Dieu : c’est là la grande certitude de notre vie, le grand, le véritable optimisme que nous connaissons. »

Notre compagnonnage avec Joseph Ratzinger a vingt ans. Comme l'heure est aux confidences, avouons ce que nous n’avons écrit nulle part : le projet de ce qui allait devenir Liberté Politique a été présenté en 1992 au préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Souvenir ému : la simplicité, l’attention, la bonté de cet homme rencontré trente minutes dans le silence du Palazzo del Sant'Uffizio, vous marquent à jamais. La clarté de son intelligence, la lucidité de son discernement auraient dû nous tétaniser : elles nous ont libérés.

Nés à la vie adulte sous le pontificat du bienheureux Jean Paul II, nous étions pleinement aspirés par la puissance de l’enseignement théologique, social et politique du cardinal que le pape polonais avait choisi comme rempart de la doctrine. Tous deux resteront inséparables dans nos mémoires, et dans l’histoire.

Ils s’étaient fixé une mission : enraciner le concile dans la Tradition de l’Église. « Tradere veritatem contemplatam. » Quoi de plus vivant que la transmission de la vérité contemplée ! Recevoir pour donner, apaiser les faims de l’homme contemporain, adoucir ses tourments, ancrer ses désirs dans la vérité de son humanité.

Nos deux papes furent des papes politiques. Sans confusion. Benoît XVI le répétait : « Il n’y a pas de théologie politique. » Mais tous deux avaient une conscience aiguë de la responsabilité politique de la foi. Il y allait « De l’Homme » — de la grandeur de sa dignité, unique et libre, responsable et solidaire.

Jean Paul II a fait de la doctrine sociale une anthropologie politique. Il fit de l’espérance la vertu politique des temps modernes : non, rien n’est inéluctable. L’honneur de l’homme en société, c’est de résister à la mécanique du sens de l’Histoire.

Benoît XVI sera le pape de la liberté politique. Il n’y a pas de droit sans vérité, mais la vérité n’appartient à personne, c’est elle qui nous possède, c’est elle qui nous libère.  « Par leur présence, les chrétiens montrent à l’État qu’il n’a pas tous les droits. »

Merci Très Saint-Père. « Retiré dans la prière », vous restez avec nous. Rien ne se perd jamais : nous n’oublierons pas.

 

 

Doux christ en terre
« Il fera paraître le jugement en toute fidélité » (Isaïe, 42)
Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis tout ma joie. J’ai fait reposer sur lui mon esprit ;
devant les nations, il fera paraître le jugement que j’ai prononcé.
Il ne criera pas, il ne haussera pas le ton, on n’entendra pas sa voix sur la place publique.
 Il n’écrasera pas le roseau froissé, il n’éteindra pas la mèche qui faiblit, il fera paraître le jugement en toute fidélité.
Lui ne faiblira pas, lui ne sera pas écrasé, jusqu’à ce qu’il impose mon jugement dans le pays,
et que les îles lointaines aspirent à recevoir ses instructions.
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