Depuis deux mois, nous avons pris le parti d’informer et d’être à l’écoute. Nous avons publié les programmes des candidats, dressé le bilan du quinquennat, produit des analyses de fond sur un ensemble de sujets importants pour l’avenir.
Notre campagne d’information arrive bientôt à son terme. Les trois quarts des analyses que nous souhaitions faire sont désormais publiées soit sur notre site soit dans la revue Liberté Politique (N° 56) intitulée « Guide de l’électeur Chrétien ; Comment voter. Le choix du meilleur possible », que vous pouvez commander sur notre site. Notre travail a ses limites mais nous avons essayé d’être le plus exhaustif possible.
Le quizz que nous avons mis en ligne est un jeu, une sorte de récréation que nous nous sommes offerte et que nous vous proposons. Au-delà de son côté ludique et nullement scientifique, c’est une manière de nous inviter à réfléchir et, au besoin, à aller consulter nos dossiers sur telle ou telle question.
Ceux qui le souhaiteront pourront recevoir dans 15 jours un "Journal de la campagne" de 16 pages qui sera un résumé synthétique de l’ensemble des contributions que nous avons publiées ici même depuis deux mois.
Nous avons aussi pris le parti de publier un manifeste. Plusieurs milliers d’entre vous l’ont déjà signé. Nous allons maintenant l’adresser aux 10 candidats désormais officiels et leur dire que nous attendons leurs réponses qui seront publiées.
Notre tribune vous est aussi ouverte. Nous essaierons de publier le maximum de vos réactions.
La vidéo produite par SAJE PROD que nous mettons également en ligne sur notre site est une invitation supplémentaire à réfléchir sur l’importance du "vote en conscience" les 6 et 22 mai prochain dans la ligne du message des évêques de France du 3 octobre 2011.
A cet effort rédactionnel s’ajoutent deux soirées débats "présidentielle" qui seront diffusées en direct sur notre site pour ceux qui ne pourront se rendre à l'Espace Bernanos où, exceptionnellement, deux salles seront ouvertes pour vous accueillir.
Que vous soyez tentés ou non par l’abstention, nous vous invitons les 3 avril et le 11 avril prochains à ces deux conférences. La première avec Thibaut Collin, philosophe, auteur de « Voter en conscience - Ethique, politique et bien commun » (in Guide de l’électeur chrétien 2012, Liberté politique n° 56, printemps 2012) et Jean-Frédéric Poisson, docteur en philosophie et élu local, ancien parlementaire et candidat aux prochaines élections législatives. La seconde avec Catherine Rouvier, docteur d’État en droit public et en science politique de l’Université Paris II (Panthéon-Assas), maître de conférences à l’Université de Paris XI (Orsay), auteur de « Démocrite ou Démocrate ? Réponses à ceux qui hésitent à voter ou ne savent pas pour qui voter » (in Guide de l’électeur chrétien, Liberté politique n° 56, printemps 2012).
La campagne officielle commence à présent. Dans moins d’un mois, nous allons devoir nous déterminer. Pour certains, il n’est possible de voter que pour un candidat « parfait » selon leurs critères ; pour d’autres, comme le courant dit « des poissons roses », engagés « au sein du parti socialiste », les principes dits « non négociables » ne sont plus « clivants ». Or ces principes ne sont que les articles du Décalogue dont Jean Paul II disait qu’il était « la grammaire profonde de l’humanité ». Aucune de ces deux positions n’est tenable.
Le cardinal André Vingt-Trois le rappelait encore à Lourdes lundi 26 mars devant l’ensemble des évêques français, nous ne pouvons pas réduire l’analyse de la crise que nous traversons à ses seuls éléments économiques, sociaux ou financiers en masquant ses dimensions culturelle, morale et spirituelle. Et dans cette crise particulièrement grave « il est important que chacun prenne sa part de responsabilité en votant » ; et dans ce vote, disait-il encore, « les chrétiens auront à se déterminer en conscience devant les graves enjeux humains, anthropologiques et éthiques qu’il implique. »
En cela, nous ne sommes pas du monde même si nous agissons dans le monde. Notre référence demeure la Doctrine Sociale de l’Eglise. Tous n’en n’ont pas exactement la même lecture. Mais elle reste pour nous une référence. Nous la partageons, par exemple, avec ces « chrétiens indignés » que nous avons invités à collaborer à notre réflexion. Leur regard n’est pas nécessairement partagé par tous. Qu’importe, la crise révèle la barbarie de ce monde dont les attentats de Toulouse et de Montauban ne sont qu’un signe plus proche que d’autres. Nous récusons cette barbarie et les tentations de la puissance, de l’intransigeance de la colère et de la haine aussi.
L’avenir est incertain et nous ne pouvons plus nous reposer sur nos pseudos certitudes. Les modèles anciens sont périmés. Ceux qui fonctionnaient tant bien que mal hier doivent être repensés. Nous avons comme chrétiens une responsabilité énorme : c’est quand rien ne va plus pour lui que l’enfant prodigue a la nostalgie de la maison du Père et c’est quand les sociétés s’effondrent que leurs membres se posent les bonnes questions.
Nous ne prétendons pas avoir toutes les réponses, mais nous en avons une, qui est essentielle, capable de soulager l’angoisse du monde : c’est la bonne nouvelle du salut. Elle ne règle pas tout. Elle exige notre participation personnelle, intime. Mais, à cette condition, elle peut communiquer autour de nous la véritable espérance qui permet de trouver les solutions dont nous avons besoin au quotidien pour avancer, sereins, sur le chemin de l’avenir.
Cette espérance nous l’exercerons concrètement, déjà en ne nous abstenant pas les 6 et 22 mai prochain, en assumant avec lucidité la relativité - et non le relativisme - que comporte tout choix prudentiel en politique. Ne pas voter serait un renoncement et une fuite devant nos responsabilités.
Mais notre engagement pour le bien commun ne peut se résumer à un bref passage dans l’isoloir. Même si nous n’avons pas la vocation d’entrer dans le jeu politicien, notre engagement pour le bien commun peut prendre d’autres formes comme je l’ai écrit dans un essai sur L’engagement des chrétiens en politique : doctrine, enjeux, stratégie (Edition Privat 2007), que l’on me pardonnera d’évoquer ici.
Ce n’est pas un combat que nous conduisons mais un service qu’ensemble, habités d’une même foi, nous avons à rendre au monde. Il est, nous disent les papes, « une forme éminente de la charité ».