Editorial
-
Laïcité pour tous
LE MINISTRE de l’Education nationale Vincent Peillon a présenté lundi 9 septembre une "Charte de la laïcité à l’école" : les quinze points de ce texte couvrent la totalité de la vie de ces futurs citoyens que sont les élèves du système scolaire, mais abordent aussi la vie des citoyens eux-mêmes.
Bien lissé, soigneusement aseptisé, ce texte officiel républicain doit être présenté à tous les parents d’élèves en cette rentrée des classes, et être joint au règlement intérieur de chaque établissement. D’une apparence presque insignifiante, presque irénique, cette charte ne peut a priori que rassurer les esprits qui s’étaient émus de voir Vincent Peillon se faire naguère encore le ministre d’un culte d’une « religion laïque » avec l’école comme « nouvelle Église »…
-
Appel à la paix en Syrie
LA GUERRE EST UN FLEAU dont on ne peut maîtriser les conséquences et la durée. Une opération militaire de grande envergure aujourd’hui en Syrie n’est pas une solution acceptable. Des dizaines de milliers de civils seraient aussitôt pris pour cible, déplacés, massacrés au prétexte d’exporter la démocratie.
Depuis plusieurs mois, un conflit dramatique ne cesse de faire couler le sang en Syrie. Cette situation ne peut, et ne doit, nous laisser indifférent. Toutefois, l’éventualité d’une intervention armée de la France, simplement alignée sur les positions américaines, comporteraient plusieurs obstacles importants. -
La police de l’opinion
La France, patrie de la liberté, est-elle devenue le pays de la pensée conforme, surveillée par la police, encadrée par la justice, calibrée par l’État ? La question peut prêter à sourire. Exagération... Pourtant, quand le vote d’une loi donne lieu à un millier de gardes à vue d’opposants pacifiques, dont le seul crime est d’avoir manifesté publiquement leur opinion, c’est qu’un désordre politique profond s’est installé dans le pays.
Ce désordre peut être le fruit des circonstances. De la fébrilité d’un gouvernement faible et maladroit. Il peut être aussi l’héritier d’une longue dérive qui, imperceptiblement, révèle un vice intérieur aux racines lointaines.
-
JMJ de Rio : la Porte des humbles
Les Journées mondiales de la Jeunesse s’ouvrent à Rio de Janeiro, au Brésil, au cœur de ce continent des déshérités qu’est l’Amérique latine. Et par un de ces signes formidables de la Providence divine, c’est un pape issu de ce même continent qui s’adresse aux jeunes du monde entier depuis ce nouveau centre de gravité de l’Église universelle.
Le 22 juillet, ce fût l’arrivée du pape François, un jésuite à la spiritualité à la fois ignacienne et franciscaine, continuateur des grands missionnaires de la Compagnie de Jésus qui ont apporté la foi, l’espérance et la charité chrétiennes sur ce continent livré dès cette époque à bien des convoitises et à bien des injustices. Ce jour-là, on a pu méditer ce passage de l’Évangile selon saint Marc, où l’on voit et entend Jésus-Christ « parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui », dire ces mots d’une immense portée : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère. »
-
Nouvelle atteinte à la vie : le régime s’attaque à l’embryon
Les dirigeants de l’Assemblée nationale ont décidé d’avancer d'une journée le débat parlementaire sur la « libéralisation de la recherche sur l’embryon humain », lors d’une session extraordinaire organisée juste à la veille des vacances parlementaires.
Comme pour la prétendue loi Taubira de dénaturation du mariage qui menace l’avenir de l’enfance, le régime socialiste veut passer en force. Ici, une fois encore, les détenteurs de la Vérité d’Etat matérialiste et obligatoire ne pratiquent pas la concertation : ils négligent d’organiser un débat public sous forme d’états généraux, contrairement à l’article 46 de la loi de bioéthique de 2011…
-
28-31 août : Université d'été de la Sainte-Baume
Le mouvement de résistance de La Manif pour tous donne lieu à la création de multiples initiatives, toutes surprenantes. Pertinentes, audacieuses, généreuses souvent, nébuleuses et maladroites parfois. La dernière en date est génialement inspirée : les Veilleurs debout, qui témoignent en silence, devant les lieux de pouvoir et de justice, leur refus de l’arbitraire.
Le principal bénéfice de cette effervescence militante est un heureux réveil des consciences qui, à défaut de transformer la majorité de l’opinion, mobilise le monde chrétien comme une minorité désormais consciente de ses responsabilités, et activement engagée pour se faire entendre.
-
La répression pour tous
Printemps 2013. Les Français, qui se sentent méprisés par le pouvoir, se rappellent à l'attention de leurs gouvernants en s'exprimant notamment dans la rue. Ils se rassemblent au cours de manifestations, multiples et gigantesques. Ils accueillent les ministres en déplacement avec tambours et trompettes. Ils se réunissent dans les centres-villes autour de Veilleurs pacifiques. Ils se constituent en groupes originaux, qui agissent avec souplesse et détermination, comme les Hommen, les Mères veilleuses ou les Antigone. Leur trait commun dans la résistance : la paix, la joie, la sérénité... et la volonté !
-
Et maintenant, l’école
Le projet de Vincent Peillon pour “Refonder l’école de la République” est actuellement en deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Le ministre n'a jamais caché ses intentions : faire de l'école la religion nouvelle qui « arrache l’enfant au déterminisme familial »...
François Hollande ne se contente pas de changer le mariage. Si la résistance de La Manif pour tous reste mobilisée, c’est pour refuser la mainmise de l’État sur l’éducation sexuelle des enfants à travers le prisme de « l’identité de genre ». Les amendements prévoyant l’enseignement obligatoire de la théorie du genre ont été symboliquement retirés, mais il s’agit d’un leurre.
-
Résistance chrétienne
Le président Hollande proscrit à ses opposants l’emploi du mot « résistance ». Le temps de la dictature est révolu, dit-il. Certes, il faut se garder de tout excès dans l’appréciation de la réalité, et d’user de mots qui creusent les antagonismes. Le régime socialiste n’est pas une tyrannie sanguinaire. Mais il faut savoir lire les signes des temps.
L’ambition euthanasique, la chosification de l’embryon, la redéfinition autoritaire du mariage ne sont pas la marque d’un régime modéré. Et si ce régime ne supporte pas la contradiction, comme le prouvent le mépris de l’opposition parlementaire et les brutalités policières qui s’abattent sans mesure sur les braves gens, ce n’est pas seulement parce que nous sommes devant un État faible. Nous sommes devant un pouvoir idéologique dont la légitimité ne prospère que sur la dialectique de la violence.
Ce n’est pas la première fois que le peuple chrétien se trouve en première ligne pour s’opposer aux abus de pouvoir d'un État. Dans une réflexion sur les aspects bibliques de la responsabilité politique chrétienne en situation de résistance, le cardinal Ratzinger suggérait trois axes d’engagement (Église, œcuménisme et Politique, 1987). Nous les rappelons :
-
Pourquoi je serai dans la rue dimanche…
Il est des combats que l’on croit perdus. Mais à vue humaine seulement. Il est des gens qui disent que cela ne sert à rien. Mais j’ai entendu le pape François nous interpeller vivement : sommes-nous des chrétiens de salon, uniquement pour prendre le thé en étant confortablement installés à discuter de théologie ? Non ! Alors je sortirai de chez moi, dimanche.
Je l’ai souvent rappelé ces derniers temps : je n’ai pas envie de me retourner dans quelques années en me disant : « Si j’avais su », « si on m’avait dit… » Dimanche, je serai dans la rue parce qu’il vaut mieux se battre vivant pour une cause qui semble perdue que se battre mort en l’ayant déjà perdue de toute façon.
Je serai dans la rue pour manifester mon mécontentement à l’encontre de cette loi, du mépris tant et tant affiché ; et je serai là car je suis un citoyen comme un autre auquel on ne peut contester son « droit » de manifester.
Je serai là, encore et encore, une énième fois, contre une espèce de droit à l’enfant qu’on nous prépare pour demain, quoi qu’on en dise. Le combat n’est pas terminé puisque tout va se jouer, à partir de maintenant.