Petite théologie incorrecte et comparative des abattages hallal

Source [Le Salon Beige] Le site vigilance hallal est précis : 

 

Bien sûr, ce sont des hommes qui ont été tués dans ces trois lieux et pas des animaux.

Pour le reste, les victimes ont bien été égorgées ; très largement pour certaines d’entre elles ; elles étaient conscientes au moment de leur égorgement ; ces égorgements ont bien été accomplis aux cris  de Allahou Akbar. Il y a encore indécision quant au fait de l’orientation vers la Mecque.

Titre légèrement dérangeant voire provocateur, en réaction à un certain nombre de commentaires récurrents :

  • Il y a de la violence dans la Bible comme dans le Coran
  • Ce ne sont pas des musulmans qui ont fait ça…
  • « Nous devons mettre en valeur les aspects les plus représentatifs et les plus structurants de l’œuvre du prophète et de son message de Paix, d’Amour et de Miséricorde» (message du Conseil français du culte musulman au lendemain de l’assassinat de S.Paty).
  • « L’ennemi, nous le connaissons, non seulement il est identifié, mais il a un nom, c’est l’islamisme radical, une idéologie politique qui défigure la religion musulmane en détournant ses textes, ses dogmes et ses commandements pour imposer sa domination par l’obscurantisme et la haine » (M.Castex, à Nice le 7 novembre)
  • Ou encore ce message du site domes_minarets.com qui est selon son descriptif le « Journal des mosquées de France : actualité, islamophobie, événements,histoire, chroniques, éducation, spiritualité»  : « L’islam est innocent de ces agissements ».
  • Nous voudrions souligner trois points de la religion musulmane dans une sorte de petite théologie comparative avec le christianisme :

    • Qui est mon frère ?
    • Violence de la Bible, violence du Coran ?
    • Martyr en islam, martyr chrétien

    QUI EST MON FRERE ? Sujet déjà traité par Le Salon Beige. Il y est démontré que, pour un musulman, la fraternité s’exprime en islam (au sein de l’oumma, communauté des croyants) et entre les croyants eux-mêmes (c’est-à-dire les musulmans). C’est donc la foi qui détermine le degré de fraternité.

    L’article du Salon beige rappelait que l’islam est une religion classificatoire. Cette classification est parfaitement exprimée par Hani Ramadan (frère de Tariq Ramadan et petit-fils de Hassan al-Banna, le fondateur de la Confrérie des Frères musulmans, adepte de la Charia et nostalgique du califat) dans un sermon sur « Les sens de la fraternité en islam » :

    « Ce mot fraternité a en Islam des significations qui ne sont pas toutes d’égale valeur ».

    Et Hani Ramadan de distinguer au niveau le plus bas ceux qui sont proches (pouvant englober l’ensemble de l’humanité) :

    «  C’est ainsi que l’Islam nous a recommandé de tisser les meilleurs liens de fraternité avec l’ensemble des hommes, tant qu’ils se comportent en hommes, et tant qu’ils ne nous agressent pas ou ne nous livrent pas de guerres ».

    Il y a ensuite « le lien qui t’unit au peuple au milieu duquel tu vis, les gens de ton pays ou de ta patrie ».  Il y a enfin « le lien le plus fort qui puisse exister entre deux frères : c’est celui qui repose sur la foi ». Mais même pour ce qui concerne la fraternité qui repose sur la foi, il y a deux degrés :

    -Le premier degré est d’avoir un cœur sain, qui n’est habité par aucun mauvais sentiment vis-à-vis de notre frère, comme la haine, la rancœur, la jalousie et le fait de penser du mal de lui. Le second degré est d’aimer pour son frère ce que l’on aime pour soi-même, comme l’a dit notre Prophète : « Aucun de vous n’est parfaitement croyant, jusqu’à ce qu’il aime pour son frère ce qu’il aime pour lui-même. » ».

    Et d’ailleurs, toutes ces catégories sont rappelées encore plus clairement par M.Sifaoui citant Hassan Al-Banna dans son livre Taqiyya ! Comment les Frères musulmans veulent infiltrer la France publié en 2019 :

    « Aux yeux du frère sincère, les gens appartiennent à l’une des six catégories suivantes : les musulmans qui luttent, les musulmans passifs, les musulmans pécheurs, les dhimmis liés par un pacte, les non-musulmans pacifistes et les non-musulmans belliqueux. Chacune de ces catégories a un statut spécifique au regard  de l’islam. Dans les limites de ces catégories, on jauge les individus et les institutions » (p.276).

    La fraternité musulmane n’a donc rien à voir ni avec la fraternité chrétienne (Rappel : Quand un docteur de la Loi pose au Christ la question : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? », Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les Prophètes. » (Mt, 22, 36-40)) ni même avec la fraternité de la devise républicaine française. Et l’islam n’est une religion de tolérance et de paix… qu’une fois les conditions de sa domination mises en place et assurées.

    L’assassinat du professeur Paty a donné une illustration parfaite de cet écart donné au sens de fraternité. Beaucoup ont été frappés par la ferveur de l’appel de l’imam Chalghoumi à prier pour M.Paty dans toutes les mosquées le vendredi suivant. M.Chalghoumi, déjà souvent menacé, aurait reçu à nouveau des milliers de menaces de mort. [Tiens, des menaces de mort ? Mais de qui ? Des musulmans qui n’auraient rien à voir avec l’islam ?] Et de toutes façons, la doxa musulmane a été sèchement rappelée (avec un zeste de vulgarité) par un tweet émis sur un site dont le nom est évocateur : islametlumières.com (salat voulant dire prière) :

     

    L’islam des Lumières, ce serait donc : S.Paty était un pervers.

    Autre exemple de fraternité classificatoire selon la foi, le verset 4 de la sourate 60 du coran :

     

    Dernier petit exemple bien emblématique, à propos du covid. Le cas fait l’objet de demandes théologiques :

    « Comment le musulman doit-il se comporter en ces jours difficiles  qui connaissent la propagation du coronavirus? Si Allah décide que le coronavirus emporte quelqu’un, peut-on le considérer comme un martyr?». Réponse d’un savant musulman :

    « on espère que celui/celle qui meurt du coronavirus sera un martyr. Nous demandons à Allah de faire disparaitre cette pandémie et d’en épargner les musulmans. »

    Et les autres ???

    VIOLENCE DE LA BIBLE, VIOLENCE DU CORAN ? On s’est habitué à écrire, après des événements comme la publication des Versets sataniques, ou celle des caricatures de Charlie Hebdo, ou encore d’une exégèse de Benoit XVI à Ratisbonne sur les liens entre foi et raison : « le monde musulman s’enflamme », comme si le fait d’être musulman vous rendait inflammable comme de l’amadou et représentait un état normal.

    Comparons : à Nice, après les assassinat, l’évêque du lieu appelle à ce “que l’esprit de pardon du Christ prévale face à ces actes barbares”. le chanoine de la basilique Sainte Marie s’aventurant même à dire “Le risque, c’est la mise en cause du fondement du dialogue interreligieux et il s’agira de réagir de la manière la plus adaptée pour le faire avancer encore davantage”, ce qui est peut-être pousser le bouchon un peu trop loin….

    Pour ce qui concerne les textes sacrés, une comparaison entre violence dans la Bible et violence dans le Coran a déjà été esquissée dans un autre article du Salon beige.

    Dans la Bible, la violence est en général le fait de Dieu. C’est lui qui, in tuitu personae en quelque sorte, fait périr et parfois à foison : « Alors l’Eternel fit pleuvoir du soufre et du feu sur Sodome et sur Gomorrhe. Cela venait du ciel, de la part de l’Eternel. Et quand des hommes tuent (livre de Josué), il s’agit toujours d’un récit, d’une histoire. Aucun impact sur le quotidien du non-croyant. Aucune consigne de violence donnée au fidèle juif ou chrétien.

    Dans le Coran, c’est l’exact opposé : l’exercice de la violence est défini comme une obligation toujours actuelle faite par Dieu aux musulmans. Un ordre.  Chaque musulman est donc un guerrier potentiel (« et sachez qu’Allah est avec les pieux »…) comme souligné ci-dessous dans divers versets extraits de trois sourates différentes  :

     

    Un autre exemple est dans la fameuse sourate 5 dont on retient en général l’extrait de verset 32 « Nous avons prescrit pour les enfants d’Israël que quiconque tuerait une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur la terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes », censé démontrer cet esprit de paix islamique (il a encore été rappelé le 22 octobre par le CFCM). On oublie en général la suite immédiate (verset 33) et qui tempère un enthousiasme précipité :

     

    Comparer la violence dans la Bible et les appels à la violence dans le Coran, c’est un peu comme si on disait que Salman Rushdie, Zineb El Rhazoui, Philippe Val, Riss, la jeune lycéenne Mila et tant d’autres couraient autant de risques en visionnant sur DVD le film Les Dix commandements de Cecil B. DeMille qu’en sortant se promener en public sans protection policière.

    Notons encore cet art de l’euphémisation pratiquée par Adrien Candiard, pourtant frère dominicain et islamologue, lors d’un entretien récent au Figaro portant sur le fanatisme :

    « Les textes et surtout l’imaginaire de l’islam des origines me paraissent effectivement offrir plus de disponibilité à un usage violent que les textes et l’imaginaire du christianisme primitif ».

    Peut-on faire plus ouaté et plus délicat ?

    MARTYR EN ISLAM, MARTYR CHRETIEN : Pour ce qui concerne l’islam, un article intitulé « Comment expliquer que la notion de « shahid » ait assumé tant d’importance, alors qu’elle ne figure guère dans le Coran ? »  souligne que « le mot shahîd correspond étymologiquement au mot grec martys qui signifie « témoin ». Il est cité 55 fois dans le Coran, en général dans le sens juridique d’un témoin (on se rappelle que le coran est aussi une législation), et dans trois cas seulement au sens de martyr.

    Mais de nombreux savants musulmans ont cherché et trouvé dans le Coran d’autres versets qui encouragent les guerriers à donner leur vie sur le chemin de Dieu et amènent la communauté musulmane à développer une spiritualité du martyre basée sur la mort volontaire pour combattre l’ennemi. A ces théologiens s’ajoutent les paroles attribuées au prophète de l’islam, les hadiths. Il y en a plusieurs qui promettent le paradis à ces mêmes guerriers, comme par exemple : « 1357. Abou Hourayra rapporte : « Un homme vint trouver le Prophète et lui demanda : « Ô Prophète de Dieu, que dois-je faire si quelqu’un venait à prendre mon argent ? » – « Ne le lui donne pas, répondit le Prophète. » – « Et s’il me combat ? » – « Alors combats-le ! » – « Et s’il me tuait ? » – « Tu serais alors martyr. » – « Et si moi, je le tuais ? » – « Il irait en Enfer, s’exclama le Prophète ».

    Le site islamophile.org (« ressources islamiques en langue française ») accorde un développement sur le thème « Le martyre et l’expiation des péchés » et rapporte que

    « Tout Musulman qui atteste qu’il n’y a de dieu que Dieu et que Muhammad est le Messager de Dieu, qui ne s’est pas rendu coupable d’apostasie (en raillant un élément de la foi, en reniant une obligation, en considérant licite un interdit péremptoire ou en méprisant un point consensuel de la Législation [la Charia] ) – s’il est tué dans la bataille qui oppose les Musulmans aux Juifs impies – est un martyr musulman à part entière…. Ad-Dârimî rapporte, d’après le Sulamîte `Utbah Ibn `Abd : « Un Croyant qui a commis de bonnes actions et de mauvaises actions, qui lutte avec sa personne et avec ses biens dans le Sentier de Dieu et qui, lorsqu’il rencontre l’ennemi, le combat jusqu’à être tué. Le Prophète – paix et bénédiction sur lui – dit à son sujet : Une expiation purificatrice effacera ses péchés et ses fautes – l’épée efface les fautes – et il entrera au Paradis par la porte qu’il aura choisie ».

     « Combattre, « Ennemi »,  « Tuer », « Bataille », « Lutte », « Epée » : voilà qui n’est là encore guère un vocabulaire fraternel et empreint de douceur.

    Tout à l’opposé, le Christ enseigne, ayant gravi la montagne (Mt 5, 3-12) :

    « Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage…/…
    Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
    Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.
    Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on vous calomnie de toutes manières à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux ».

    Rappelons aussi qu’au moment de son arrestation, « un des compagnons de Jésus dégaina, frappa de l’épée un serviteur du grand prêtre, lui tranchant l’oreille. Jésus lui dit alors : « Rengaine ton épée : tous ceux qui useront de l’épée périront par l’épée » (Mt 26, 51-52).

    Et le martyrologue chrétien est long de figures louant Dieu et mortes pour leur foi. A commencer par Etienne, diacre, lapidé à Jérusalem « Tandis qu’ils le lapidaient, Etienne priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Il tomba à genoux et s’écria d’une voix forte « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». A ces mots, il expira » (Ac, 7, 59-60).

    Au final, on arrive inévitablement à la question de la distinction souvent faite entre islam et islamisme.  Là aussi, essayons d’éviter la langue de bois. Rémi Brague, dans un article récent du Figaro explique :

    « Des chefs d’État, M. Erdogan en tête, poussent en ce moment à la haine contre M. Macron, et contre la France, parce que celui-ci s’en est pris à l’islamisme. Selon eux, il y aurait là des attaques contre l’islam, et même contre les musulmans. Ils montrent par là que refuser l’amalgame est un souci intellectuel et moral qui est de notre seul fait, alors qu’eux-mêmes n’hésitent pas à le pratiquer à grande échelle. L’islamisme et l’islam sont en effet différents, mais j’y vois une différence de degré plus que de nature. L’islamisme est l’islam pressé, bruyant, brouillon ; l’islam est un islamisme patient, discret, méthodique. L’islam a pour but avoué, dès le début, non pas la conversion du monde entier, mais sa conquête ».

    Mme Marie-Thérèse Urvoy, islamologue, précise aussi dans un article du 29 octobre dans l’Homme nouveau (Islamistes ? Des musulmans fidèles à leurs fondamentaux) :

    « Les musulmans sont « islamistes » lorsqu’ils obéissent à l’intégralité de leurs fondamentaux, lesquels sont les mêmes pour tous » ; puis, à propos de « la conviction qui habite la conscience religieuse de tout membre pieux de la Umma. Tous ses membres ne sont pas fondamentalistes mais il demeurera toujours ce sentiment d’appartenance à cette élite sacralisée. Il en est de même pour tout musulman croyant ; la différence sera dans l’intensité, non dans la nature. La formule de Yadh Benachour est intemporelle : « Chaque musulman en cache un autre, plus musulman encore » ».

    D’ailleurs, le Figaro lui-même hésite entre les deux termes, comme le montrent ses titres en Une et en page 4 du même journal du 26 octobre :

     

    Un musulman extrémiste  est vu comme un assassin potentiel. Un chrétien extrémiste, c’est François d’Assise, le Père de Foucauld ou Mère Teresa. Pas vraiment le même registre.

    Alors, pour conclure,  nous recommandons de se reporter à un très bel article d’Aurélien Marq, paru dans Causeur le 16 septembre 2020 et intitulé « En France, on peut choisir de croire (ou pas) »

    Face au padamalgam, il ose poser la question de la responsabilité du musulman face au contenu de sa religion, en partant du principe qu’

    « il y a dans cette volonté de déresponsabilisation des musulmans un terrible mépris. Comme s’ils étaient ontologiquement incapables d’exercer leur liberté de conscience, incapables de choisir une religion, seulement bons à se plier passivement à celle qu’ils ont héritée de leurs parents ».

    « Seuls les hypocrites se diront surpris. Ce que je dois relever, c’est l’attitude dangereuse de ceux qui croient défendre Mila en disant « elle a critiqué une religion, pas des croyants, elle a critiqué l’islam, pas les musulmans. » De même qu’on entend maintenant, au sujet d’une jeune femme voilée faisant du prosélytisme sous couvert de conseils culinaires : « on peut critiquer le voile, mais pas celles qui le portent. » D’où viennent ces absurdités ? D’où vient cette condescendance ? Les musulmans ne seraient-ils pas responsables du choix de leur religion, et les femmes voilées de leur choix de porter le voile ? Ne seraient-ils tous que des enfants, incapables de prendre des décisions qui les engagent et de les assumer ? ». Et de rappeler aussi que « Être musulman, choisir d’être musulman, c’est donc choisir consciemment d’adhérer à la seule religion au monde au nom de laquelle l’apostasie, l’athéisme, le blasphème et l’homosexualité soient légalement punis de mort. Être musulman en France, c’est choisir en toute connaissance de cause d’adhérer à la seule religion au nom de laquelle une de nos concitoyennes est soumise à des dizaines de milliers de menaces de viol et de mort. Interroger ce choix, critiquer ce choix et critiquer ceux qui le font ne doivent pas être des tabous ».

    Il en appelle donc aux musulmans et leur rappelle que

    « Faire aujourd’hui le choix de l’islam oblige au minimum à lutter contre tout ce qui dans cette religion en fait un danger pour le reste du monde : poison de la tentation théocratique et totalitaire, mais aussi poison plus insidieux de cette autre tentation que sont la fuite et le déni. Le « cépaçalislam » qui, mêlé à une forme de solidarité clanique, permet si facilement aux fanatiques de s’abriter au sein de l’Oumma. Dans la situation actuelle, le silence de la majorité silencieuse est un silence complice, et ce n’est plus acceptable »