En pleines consultations du Grenelle de l'environnement, avoir les idées claires sur les différentes sensibilités qui parcourt le monde de l'écologisme n'est pas un luxe. Le débat, lui, est international.

Le Saint-Siège a apporté sa pierre en proposant son éclairage. Le 20 septembre à Rome, le ministre de la doctrine sociale , le cardinal Renato Raffaelo Martino, a présenté l' écologie humaine en alternative aux différents courants de l'écologisme contemporain et leurs dérives dans le service du bien commun.

C'ETAIT dans la Salle capitulaire de la bibliothèque du Sénat, à l'occasion de la présentation du livre de l'ancien ministre italien de l'Environnement Altero Matteoli, Risorsa Ambiente. Un viaggio nella cultura del fare — Les ressources de l'environnement. Un voyage dans la culture du faire (éditions Ares, Milan). Le président du Conseil pontifical Justice et Paix a expliqué pourquoi la doctrine sociale de l'Église ne peut se reconnaître dans le biologisme, le catastrophisme, le naturalisme et l'idéologie malthusienne.

Pour le cardinal, le biologisme ne distingue pas la différence substantielle entre l'homme et l'animal, réduisant toutes les fonctions humaines à leurs seuls éléments biologiques et génétiques : le biologisme n'est pas une science, c'est une idéologie opposée à l'anthropocentrisme .

Le président de Justice et Paix a également repoussé l'idéologie du catastrophisme , expliquant que la source de tous les catastrophismes de l'écologisme idéologique a été le rapport du MIT de Boston pour le Club de Rome, en 1972, sur "Les limites du développement". D'autres rapports ont suivi, a-t-il continué, portant surtout sur l'épuisement des énergies non renouvelables et la surpopulation. Le thème de la surpopulation a fait réémerger les idéologies néo-malthusiennes fondées sur l'idée que la principale cause de la dégradation de l'environnement vient de la soi-disant surpopulation.

Selon le cardinal Martino, la mentalité catastrophiste devient idéologique quand elle se nourrit de ce pessimisme antrhopologique qui ne conçoit pas l'homme comme une ressource . Paradoxe, ce pessimisme et cette méfiance pour l'homme se transforment alors en une confiance extrême pour les techniques sélectives comme l'avortement et la stérilisation de masse .

Sur ce point, le président de Justice et Paix a rappelé qu'à l'occasion de la Conférence de l'ONU sur la population et le développement, qui s'est tenue au Caire en 1994, puis celle consacrée à la femme, à Pékin l'année suivante, l'action diplomatique conduite par la délégation du Saint-Siège s'est trouvée en singulière syntonie avec les pays pauvres de la planète, motivés pour dénoncer l'idéologie néomalthusienne qui proposait une planification centralisée des naissances, faisant violence aux femmes .

La doctrine sociale de l'Église n'apprécie pas non plus l'idéologie égoïste du naturalisme, c'est-à-dire de retour à la nature sous ces diverses formes, de l' ésotérisme naturaliste, du narcissisme physique, à la recherche du bien-être psychologique dans l'émotion, confondue avec le bien-être spirituel : Il s'agit de formes de naturalisme qui se retrouvent dans le New Âge, et qui alimentent le supermarché de la religiosité. Elles comprennent la biosphère de manière panthéiste, comme une totalité indistincte, perdant de vue définitivement la notion de nature comme un dialogue entre l'homme et Dieu.

L'alternative

Sur le front de ces idéologies, l'environnement est une question sociale pour laquelle la doctrine de l'Église emploie le concept d' écologie humaine , tel que Jean Paul II l'a exposé dans l'encyclique Centesimus annus (n. 38). Le pape polonais y relevait qu' on se préoccupait à juste titre de sauvegarder l'environnement naturel, mais qu'on ne se mobilisait pas de la même manière pour l'environnement humain : "On s'engage trop peu, disait-il, pour sauvegarder les conditions morales d'une authentique écologie humaine" .

Pour l'Église, l'expression écologie sociale — a souligné le président de Justice et Paix — ne signifie pas seulement que l'environnement naturel doit être humanisé, mais qu'il doit être ordonné au bien de l'homme d'aujourd'hui et des générations futures. Il veut même et surtout dire que la sauvegarde de l'environnement humain — la vie, la famille, le travail, la ville — demande le respect absolu de sa propre écologie, de son fonctionnement physiologique, de sa nature.

En ce sens, l'écologie humaine — a conclu le cardinal — est un concept semblable à celui du bien commun, entendu comme l'ensemble des conditions sociales qui permettent et favorisent le développement intégral de la personne humaine .

Source : Zenit.org (italien), avec son aimable autorisation.

© Traduction française Liberté politique.

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