L'agence Zenit a demandé à George Weigel, auteur de la célèbre biographie de Jean-Paul II Témoin de l'espérance (Lattès) de commenter la décision de Benoît XVI de se rendre en Pologne.

L'Américain Weigel a accompli de longs séjours en Pologne. Il est le deuxième non Polonais à avoir reçu la médaille d'or Gloris Artis, la plus haute reconnaissance polonaise d'une contribution à la culture polonaise et mondiale. Il est également l'auteur d'un essai sur la "christophobie européenne", le Cube et la Cathédrale (La Table ronde, 2005), où il s'interroge sur l'évolution de l'Union européenne et son refus de reconnaître son héritage chrétien, comme les papes le lui demandent pour préserver son unité dans la liberté. ©Zenit.org, avec son aimable autorisation.

Zenit. — Le pape Benoît XVI n'a pas beaucoup voyagé en cette première année de pontificat. Pourquoi a-t-il selon vous accepté une invitation en Pologne ?

G. Weigel. — Le pape Benoît XVI voyage autant qu'il l'estime nécessaire, étant donné son âge et ses autres engagements.

Quant à la raison pour laquelle il a accepté l'invitation à se rendre en Pologne, j'imagine que c'est pour remercier le peuple polonais pour le don de Jean-Paul le Grand. Il est possible qu'il veuille également lancer à la Pologne le défi d'assumer un rôle de guide dans la ré-évangélisation de l'Europe.

Quel est le sens de la visite de Benoît XVI dans des lieux aussi importants dans la vie de Jean-Paul II tels que la ville où il est né, Wadowice et le sanctuaire de Kalwaria ?

Pour Benoît XVI, se rendre dans la ville natale de Jean-Paul II, Wadowice, ainsi qu'à Kalwaria et Czestochowa, est une manière de reconnaître, par son propre pèlerinage, que le défunt pape a appris en ces lieux des leçons qui étaient importantes pour l'Église du monde entier... et qui le sont encore.

À votre avis, quel rôle joue la Pologne en Europe selon Benoît XVI ?

Le pape reconnaît sans aucun doute que la Pologne – en plus de sa démocratie stable et de son économie qui se développe – est le foyer d'une culture catholique intacte, à une époque où la foi meurt en Europe et où l'Europe est en train de mourir, en partie à cause de cela.

Je crois que le pape espère que la foi de la Pologne aidera à raviver la foi catholique à travers la "Vieille Europe", et que la Pologne aidera à résister au courant au sein de l'Union européenne qui va vers l'imposition d'un style de vie libéral, que le pape a évoqué, la veille de son élection en parlant de "dictature du relativisme".

Quel est l'état de l'Église en Pologne ? Quels sont les défis lancés à l'Église par la prospérité et la culture occidentale sécularisée ?

De nombreux observateurs avaient prédit une chute du catholicisme en Pologne, semblable à celle de l'Espagne, du Portugal et de l'Irlande – après la révolution de 1989. Cela ne s'est pas produit. La pratique catholique en Pologne reste forte, certainement la plus forte en Europe.

Quant aux défis de l'Église polonaise, la plupart des observateurs catholiques polonais que je connais estiment que le pays a besoin d'un nouveau dynamisme au niveau épiscopal pour que l'Église puisse saisir les opportunités de création de culture qui se présentent à elle.

Pensez-vous que le fort pourcentage des vocations au sacerdoce va se maintenir en Pologne ?

Oui, au moins dans un avenir immédiat.

©Zenit.org.

Photo : La cardinal Joseph Ratzinger, légat du pape Jean-Paul II aux cérémonies du 750e anniversaire de la canonisation de saint Stanislaw de Szczepanow, évêque et martyr, à Cracovie en 2003.

Pour en savoir plus :

■ La synthèse des discours, homélies et interventions de Benoît XVI en Pologne sur notre site partenaire www.generation-benoitXVI.com (et notamment, messages aux jeunes, aux prêtres et à la Pologne).

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