Valence était déjà dans notre esprit à cause du rassemblement des familles autour de Benoît XVI, quand on a appris, lundi, le déraillement d'une rame de métro de cette ville, faisant plusieurs dizaines de mort.

Impossible de ne pas partager l'émotion des Espagnols et la douleur des familles qui ont été touchées. Impossible également d'en dire beaucoup plus, à l'heure qu'il est, sur cette catastrophe qui ne pourra pas ne pas influer sur l'esprit de ce rassemblement. Mais il nous faut quand même revenir, pour cet éditorial, à ce que nous avions prévu d'évoquer : à cette Espagne qui, sous le gouvernement Zapatero, a bouleversé la philosophie du mariage, en portant atteinte au principe fondamental de la différence sexuelle.

D'autres pays européens l'avaient précédée dans cette transgression et une formidable campagne médiatique et culturelle s'emploie, à travers tout notre continent, à propager le "mariage homosexuel" dans les pays encore attachés aux normes de notre civilisation et de notre tradition chrétiennes.

La France est particulièrement touchée par cette révolution idéologique qui a déjà entraîné dans son sillage la gauche, et singulièrement le Parti socialiste dont le programme des élections présidentielles prévoit le mariage entre personnes du même sexe. Ségolène Royal, qui avait marqué son refus d'une telle évolution, s'est ralliée sans beaucoup de résistance à la tendance de fond. Du côté de la droite, Nicolas Sarkozy a chargé le philosophe Luc Ferry d'une mission de recherche sur le sujet, nonobstant la ferme opposition d'une évidente majorité des parlementaires de l'UMP à toute remise en cause du mariage exclusif entre homme et femme.

Le retour aux archaïsmes n'est pas fatal

Dans ce climat, où toute voix contraire est disqualifiée et délégitimée, c'est souvent difficile de défendre et promouvoir ce qu'on appelle les valeurs traditionnelles. Il faudrait d'ailleurs s'entendre sur cette expression qui doit être désentravée de toute suspicion passéiste. L'alliance entre l'homme et la femme sur la base d'une réciprocité de services, dans une égale dignité, n'a rien d'archaïque. C'est bien au contraire le principe qui a bouleversé la structure des vieilles sociétés pour permettre l'âge moderne. D'une certaine façon, ce qu'on nous offre aujourd'hui comme nouveauté ne constitue qu'un retour aux archaïsmes et aux fantasmes du matriarcat et du patriarcat, avec la perspective d'une instrumentalisation des enfants dont les droits élémentaires sont bafoués au profit de l'exclusif droit des adultes à jouir de la progéniture de leur choix.

Le rassemblement de Valence sera l'occasion pour le pape de rappeler les principes d'une structure familiale ouverte au don magnifique de la vie. Le témoignage de couples unis dans l'amour mutuel et le service des enfants servira de puissant exemple en faveur du renouveau du mariage en Europe et dans le monde. Non, notre continent n'est pas voué à un hiver démographique qui ferait disparaître sa jeunesse et son rayonnement. Il y a encore assez de foi, d'espérance et d'amour dans chacune de nos patries pour montrer que le retour aux archaïsmes n'est pas fatal et que la créativité et le renouveau sont du côté de la promesse sacramentelle.

Pour en savoir plus :

■ Les attentes de Benoît XVI : famille et transmission de la foi, sur Generation-BenoitXVI.com

■ Le site officiel de la Ve Rencontre mondiale des Familles à Valence

■ Le dernier n° de Liberté politique : " L'idée du mariage "

L 'Église d'Espagne en chiffres

 

À l'occasion du voyage de Benoît XVI à Valence (8-9 juillet), le troisième hors d'Italie, voici un profil statistique de l'Église en Espagne. Ces données, arrêtées au 31 décembre 2004, proviennent de l'Office statistique du Saint-Siège.

 

Sur 41,9 millions d'habitants, l'Espagne compte 39,4 millions de catholiques (94,1%). L'Église catholique dispose de 70 diocèses, 22.599 paroisses et 4.428 centres pastoraux ou sociaux. Elle compte 132 évêques, 26.330 prêtres, 60.079 religieux et religieuses, 3.229 laïcs membres d'instituts séculiers, de 102.973 catéchistes, de 2.483 élèves de petit-séminaire et de 2.259 séminaristes.

 

Les 5.882 structures éducatives, tous niveaux confondus, accueillent 1.578.609 élèves et étudiants. Les centres socio-caritatives de l'Église ou gérés par le clergé comprennent 97 hôpitaux, 113 dispensaires, 943 résidences pour le troisième-âge handicapé, 549 orphelinats ou garderies, 108 permanences de consultation familiale et de protection de la vie, et 2.405 instituts d'éducation spécialisée ou de réinsertion sociale.

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