Apprenant la nouvelle des attentats qui ont frappé l'Espagne, le 11 mars, tuant 200 Espagnols, et blessant près d'un millier d'entre eux, le Saint-Père a adressé un télégramme au cardinal Antonio María Rouco Varela, archevêque de Madrid :

" Face aux terribles attentats terroristes advenus dans les gares ferroviaires d'Atocha, de El Pozo del Tío Raimundo et de S.

Egenia de la capitale espagnole, qui ont causé un grand nombre de morts et de blessés parmi la foule se rendant au travail, et ont touché toute la nation au-delà des familles des victimes, le Saint-Père redit sa ferme et totale condamnation d'actes injustifiables offensant Dieu, violant le droit absolu à la vie et agressant la paix civile à laquelle aspirent les communautés ecclésiales et le noble peuple espagnol tout entier.

" Priant pour le repos éternel des morts, le Saint-Père veut assurer de sa proximité les familles qui pleurent des êtres chers. Il charge Votre Eminence de transmettre ses vives condoléances et ses vœux de prompt rétablissement aux blessés.

" Encourageant tous les Espagnols à poursuivre sans se décourager la voie de la paix civile et invoque sur tous la protection de l'Immaculée. Dans cette épreuve et en signe d'affection et d'espérance, il donne de tout cœur sa bénédiction apostolique. "

Dimanche, le Saint-Père a célébré une messe pour les victimes. Méditant sur l'Évangile du jour (Luc, 13), étrangement évocatrice avec deux événements tragiques survenus du temps de Jésus: la cruelle répression d'une révolte et l'écroulement de la tour de Siloé sur la foule, Jean Paul II s'est dit " choqué devant une telle barbarie ", mais confiant dans l'avenir si " les témoignages de solidarité venus de toute l'Espagne vendredi dernier, avec la participation des autorités politiques de toute l'Europe " deviennent une force de paix et d'unité. " Ceux qui croient en Dieu, créateur et Père de tous les hommes, doivent se sentir particulièrement concernés par la construction d'un monde plus fraternel et solidaire, malgré les difficultés et les obstacles qu'ils peuvent rencontrer sur cet unique chemin de devoir. "

Le cardinal Rouco Varela, qui se trouvait à Rome pour participer à l'Assemblée plénière du Conseil pontifical pour la culture, est rentré à Madrid pour être proche de son peuple. Il a déclaré : " Personne ne peut se taire face à un massacre criminel. Ce qui s'est produit est le fruit du plus grave des péchés, et de l'aveuglement de l'homme : attenter mortellement à la vie humaine. La plaie du monde d'aujourd'hui, et aussi de notre Espagne, est le terrorisme. " L'archevêque de Madrid a demandé à Dieu le repos éternel pour les victimes, et d'accorder aux fidèles la grâce d'accueillir le pardon et de transformer le cœur des assassins. Il a en outre invité toutes les paroisses de Madrid à célébrer la messe pour les victimes de l'attentat, et pour que les familles trouvent la consolation du Seigneur.

De son côté, la Conférence des évêques d'Espagne a rappelé dans un communiqué qu'" il n'y aura jamais aucune justification morale au terrorisme ". Les évêques expriment leur proximité spirituelle avec toutes les victimes et avec leurs familles, ils demandent à la population de ne pas répondre à cet attentat par la haine aveugle parce que cela " divise la population et favoriserait les fins terroristes ". Souhaitant que la population collabore avec les autorités dans la lutte contre le terrorisme, ils invitent à la charité : " C'est le moment de la charité et de la solidarité avec les victimes. Nous, chrétiens, nous devons offrir notre aide en tout ce qu'il nous est possible de faire. "

Dimanche, 14 mars, l'archevêque Francisco Perez Gonzalez, directeur national des Oeuvres pontificales en Espagne et Vicaire aux armées, déclarait à l'agence Fides : " Face à des actes atroces comme ceux qui ont frappé l'Espagne, la nouvelle évangélisation est appelée à insister constamment sur la nécessité urgente de la conversion du cœur, parce que seul un cœur converti est un cœur qui s'ouvre au pardon, à l'amour et au respect des droits de l'homme, et est donc capable de respecter la vie d'autrui...Ces gestes sont provoqués par le manque de charité et d'amour, qui amène au non respect de la vie. En dernière analyse, ils sont produits par le mal, par le péché, par la violence de ceux qui mettent leurs idéologies politiques au dessus de la vie des personnes et de l'Etat de droit. "

En Espagne, a poursuivi Mgr Pérez, le 11 mars a été appelé " jour d'infamie ", " jour de massacre ", précisément parce que s'est produite " une grande tragédie, sans pitié, accomplie sans discrimination, sans respect pour personne, et a suscité dans toute la population espagnole, de toutes les couches et idéologies politiques, des sentiments de profonde indignation, de douleur et d'affliction ". Dans ces trains, sont morts ou ont été blessés surtout des ouvriers, des enfants, des femmes, des jeunes et des personnes âgées des différentes régions espagnoles, mais aussi latino-américaines, roumaines, polonaises etc., de cultures et de religions différentes. " Le terrorisme, d'où qu'il vienne, est une plaie sociale, il est un aiguillon du Malin qui détruit la société ".

Le porte parole du Saint-Siège, M. Joaquin Navarro Valls, lui-même espagnol, précisait le jour des attentats au micro de Radio Vatican : " C'est une manifestation d'une forme de nihilisme terrible ! Nous ne devons pas oublier qu'il s'agit de l'attentat terroriste le plus grave jamais survenu en Europe. L'Europe n'avait jamais été touchée par un attentat dans de telles proportions. "

Sources ; VIS, Fides.

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