[source ; Boulevard Voltaire]

On savait que M. Baroin n’aimait pas les crèches de nos villages et de nos mairies, mais de là à précipiter aussi la chute de la maison LR…

Encore tout tourneboulé par la scénographie du Louvre, entre deux documentaires sur la campagne de Macron, que se mettre sous la dent ? Il y a la partie de ping-pong En marche !/PS avec, comme balle, Manuel Valls que les deux joueurs se renvoient et qui va bientôt s’écraser dans le filet. Drôle. Et mérité. Il y a le retrait, plein d’élégance et de maturité, de Marion Maréchal-Le Pen qui laisse le FN, Marine et Philippot tout nus et sans voix. Intéressant.

Mais à droite – enfin, chez les LR-UDI disparus dès le 23 avril à 20 h 03 -, que se passe-t-il ? Eh bien, on prépare les législatives. Et, pour ce faire, on édulcore. Et on exclut.

On édulcore le programme de Fillon, on gomme tout ce qui dépasse. Hausse de la TVA ? Non, pas d’augmentation d’impôt sur la législature. On baissera même l’impôt sur le revenu, annonce M. Baroin, le nouveau généralissime qui a fait un stage, pas toujours concluant, à Bercy, sous Sarkozy. La suppression des postes de fonctionnaires ? Peut-être 150.000 et non plus 600.000, et puis on étalera.

Et puis on ne fera peut-être pas. À vrai dire, on leur fait confiance pour ne surtout pas appliquer leur programme, ne surtout pas défendre les valeurs de la droite et continuer à laisser filer les déficits. Ils l’ont toujours fait. C’est curieux qu’ils prennent la peine de nous le dire. Il faut être en très mauvaise santé pour donner autant de gages de pusillanimité.

 

À force d’édulcorer, d’étaler, d’aplatir, cette droite va finir par ressembler à une crêpe insipide, ratée, qui se déchire. Ou un paillasson usé sur lequel on se contentera de passer pour aller, qui chez Macron, qui à droite, vraiment.

Mais les LR ne se contentent pas de raboter tout ce qui dépasse un peu dans leur programme, ils coupent aussi des têtes. Ils ont édicté des consignes de fidélité très strictes. Amusant, dans ce parti où les traîtrises ont donné lieu à un véritable festival ! Et tout rallié à Macron sera exclu. Quant à ceux qui auraient des idées et un peu de courage pour rénover la droite, avec la droite, sur des bases solides, on présente un candidat contre eux ! C’est ce qui a été décidé contre Henri Guaino, trop libre, trop gaulliste. On lui a retiré son investiture LR !

Et à ce rythme, entre les exclusions, les trahisons, les départs volontaires, un programme et des valeurs que l’on finit de jeter par les fenêtres, M. Baroin est entré dans une compétition indécise avec M. Cambadélis : lequel des deux fermera sa boutique le premier ?

M. Baroin, c’était le Harry Potter de la droite, il y a vingt ans. Sauf qu’en 2017, le jeune et génial magicien capable de transformer sa vieille masure politique en palais pour princesse, il sera à l’Élysée dimanche.

On savait que M. Baroin n’aimait pas les crèches de nos villages et de nos mairies, mais de là à précipiter aussi la chute de la maison LR…

 

Pascal Célérier